Fin en apothéose pour une saison éprouvante
2002-2003

La situation semblait inextricable depuis quelques saisons. Allant de mal en pis, le championnat de France perdait peu à peu de son intérêt en laissant sur la route quelques unes de ses forces vices. De dépôts de bilan en dépôts de bilan, de championnat bricolé en championnat bricolé jusqu'à l'inconcevable édition 2001-2002 qui voyait une formule élite réduite à une peau de chagrin avec sept clubs au départs et six à l'arrivée avec la démission à l'intersaison de Reims, champion de France sinistré au terme d'une saison sportivement riche qui permettait au Président Marcelle de fanfaronner «  C'est la plus belle victoire du club, la plus belle pour moi aussi car on a gagné ce titre avec l'équipe que j'ai voulue, une équipe très française et en grande partie issue de notre centre de formation. Je suis un homme comblé « mais catastrophique financièrement «  le club est entré en phase de liquidation judiciaire, je ne sais même pas s'il repartiront en D3 » confiait l'ex défenseur champenois Vincent Bachet.

La naissance du Super 16... Quoiqu'il en soit avec six clubs en état de partir, la nécessité d'une refonte du championnat était devenue inévitable. Le feuilleton de l'été pouvait débuter avec toutes ses incertitudes et ses contradictions à commencer par les atermoiements concernant le nombre d'équipes participant à ce championnat 2002-2003…. 16 clubs ? 12 clubs ? 10 clubs ? Alors que la formule à 16 clubs semblait avoir pris de l'avance, c'est finalement une formule à 12 clubs qui revenaient en force à l'image des propos de Jean-Louis Million, président du CSNHGM dans un fax adressé au clubs postulants «  Après avoir effectué une large consultation auprès d'une majorité de clubs, la création d'un top 16 entraînait des modifications à l'échelon inférieur trop pénalisante sportivement pour une grande partie des clubs. Afin que le projet de fusion entre l'Elite et la Nationale 1 soit entériné à l'Assemblée Générale des Clubs de Hockey qui se déroulera en Avignon le 26 mai prochain, il nous a fallu, afin faire des aménagements. " Ultime rebondissement de réunions téléphoniques en réunions téléphoniques, le Top 16 qui devenait Super 16 revenait en force… Le fameux projet semblait définitivement entériné.

Malheureusement pour la F.F.S.G, les instigateurs du projet avec en première ligne Luc Tardif, n'étaient pas au bout de leur peine. Encore fallait fédérer autour de ce projet. Le moins que l'on puisse dire c'est que l'enthousiasme n'était pas au rendez-vous au sein des clubs de l'ex-nationale 1. Méfiance, méfiance… «  J'ai découvert le Top 16 dans la presse. Nous ne sommes au courant de rien. On emploie la manière forte pour suivre. Je n'envisage rien, je n'ai pas encore rencontré les élus pour connaître le budget. Je ne vois comment jouer autre chose que l'avant-dernière ou la dernière place avec notre budget. Si c'est pour servir de sparing partner pour les clubs de l'élite, ce n'est pas la peine » commentait Jean-Paul Hohnadel, Président de l'Etoile Noire de Strasbourg qui faisait écho aux propos de son homologue d'Epinal Claude Maurice «Il est hors de question qu'Epinal ne serve de mouton aux loups affamés »   Néanmoins à force de ténacité, le projet de Super 16 voyait enfin jour, au forceps, certes, avec la présence de 15 clubs seulement, les six ex-Elite (Rouen, Amiens, Angers, Anglet, Mulhouse & Grenoble) et les huit équipes de Nationale 1 (Villard, Gap, Dunkerque, Briançon, Clermont, Tours, Dijon et Besançon, validé en urgence à la toute dernière minute après l'obtention d'un prêt bancaire qui se révèlera insuffisant pour poursuivre l'aventure S16) et Brest de retour en Elite en provenance directe de la Nationale 2 après un parcours chaotique les années précédentes fait d'allers-retours incessants entre la D3, la N2 et la N2. Une réussite encourageante dans le petit monde du hockey où même si la méfiance est de rigueur à l'image de Guillaume Besse, l'un des leaders de l'offensive rouennaise « Je ne suis pas expert en la question mais j'espère que le niveau n'en subira pas trop les conséquences et qu'il n'y aura pas un trop gros écart entre les équipes. Encore une fois, la patience est de mise donc... «  Les espoirs renaissent « Les gens voulaient voir de nouvelles équipes, ils vont être satisfaits. On va avoir un passage en revue au cours du premier tour. Le second tour sera sûrement un peu plus compétitif, enfin un play-off pour finir. Je pense que tout le monde devrait pouvoir s'y retrouver dans cette formule. Je suis plutôt emballé par ce championnat là  » commentait Guy Fournier, l'ex-entraîneur des Dragons.

Une intersaison agitée au pays du Dragon... Ex-entraîneur ???? Eh oui, les rouennais connaissent également une transition importante dans leur histoire. Arrivé en 1997 pour remettre le dragon d'aplomb, Guy Fournier, fort d'un bilan d'une Coupe de France en 2001 et d'un titre en 2000, choisit de céder sa place pour occuper la fonction de Manager Général du Rouen Hockey Elite 76. Qui pour le remplacer ? Presque une évidence…. 15 ans à Rouen, 7 fois Champions de France, 1 coupe Atlantique, 2 fois finaliste de la Coupe d'Europe, 2 Olympiades (Calgary & Lillehamer) 9 championnats du monde... 514 matchs joués pour 484 buts et 510 assistances sous les couleurs de Rouen... Une légende à Rouen que ce Franck Pajonkowski qui prend les rênes de l'équipe de Rouen pour la saison 2003-2004. " J'ai reçu énormément de candidatures, il faut croire que le poste devait être intéressant... Plus j'avançais dans mes entretiens, plus la candidature de Franck Pajonkowski me semblait une évidence... C'est quelqu'un qui possède une grande intelligence dans sa façon de travailler... J'ai une totale confiance en lui. Nous avons une très grande complicité depuis très longtemps . Le même esprit club, la même vision du hockey... Il possède une bonne lecture du jeu, c'était déjà sa grande force lorsqu'il jouait à Rouen. Je suis sur qu'il sera parfaitement faire le boulot" lançait Guy Fournier intarissable alors que Franck Pajonkowski tout en sobriété commentait " C'est vraiment pour moi un honneur de prendre cette équipe en main. J'espère mettre en place une équipe à spectacle, agréable à regarder jouer, en un mot offensive... Si je n'avais pas eu cette opportunité, j'aurais sûrement continué une saison supplémentaire au RHE d'ailleurs lorsque la presse en a parlé au préalable j'ai été le premier surpris...La suspension de Guy (Suite au match perdu face à Grenoble la saison dernière en fin de saison, Guy Fournier fut suspendu le reste de la saison pour avoir eu un comportement un peu trop véhément face à l'arbitre de la rencontre M.Bergamelli… Lire saison 2001-2002) m'a permis de me mettre dans le bain. Cette opportunité, je compte la saisir, je suis un gagneur. Cela fait trente ans que je joue au hockey, je commence à avoir pas mal d'expérience. Il faut savoir respecter les joueurs avant de se faire respecter"

La question de l'entraîneur étant désormais réglée au pays du Dragon, le nouveau ticket choc du Dragon devait s'atteler à la reconstruction de cette équipe, frustrée de la saison dernière où ils n'auront pu détrôner Reims de la première place. Un exercice toujours difficile qui s'avère particulièrement délicat cette saison là. En effet, Rouen, à l'image de Guy Fournier, veut s'attacher à créer une équipe offensive « Sans oublier le fait qu'une bonne défensive est un point crucial dans une équipe, avec Franck Pajonkowski nous souhaitons monter une équipe agréable à regarder jouer, spectaculaire, portée sur l'offensive... Une chose est sure nous faisons tout pour monter une équipe de haut de tableau. «  Pour ce faire, ils devront compenser les départs de Franck Pajonkowski, Daniel Paradis (Saguenay), Heikki Riihijärvi (arrêt), Patrice Bellier (Briançon), Jean-François Jodoin (Tours) et les jeunes Bussat (Dijon), Billard (Besançon) et Charret (La Roche sur Yon). Un vaste chantier qui offrait la part belle aux jeunes rouennais issus du centre de formation jaune & noir. Ainsi, Nicolas Besch, Thibault Geffroy, Landry Macrez, Aram Kevorkian se taillaient une place de choix dans l'effectif rouennais.

Une première amorce de l'intersaison rouennaise qui se poursuivait par les arrivées du Capitaine de l'équipe de France, Arnaud Briand de retour en France après un séjour à Augsburg en DEL allemande puis aux Lulea Bears en Elitserien suédoise et du défenseur ex-rémois, Nicolas Pousset. Avec les resignatures des Besse, Carlsson, Carriou, Doucet, Lacroix et Vogin, l'ossature rouennaise prenait peu à peu forme. Pour finir l'intersaison rouennaise, quatre canadiens posent leurs sacs de hockey à Rouen, David Bahl (Mc Gill University), François Bourdeau (Royaux de Sorel), Jimmy Provencher (Mulhouse) et David Saint-Pierre (Dragons de Verdun) Avec Phil Groeneveld dans les cages rouennaises, l'équipe floquée du Dragon était complète. Complète presque… Ultime rebondissement de la saison des transferts rouennais, le départ imprévu du portier Groeneveld « Il est vrai que j'ai mis Rouen dans une mauvaise situation. Mais je n'aurais jamais pensé que ma fin ici se passerait comme ça. Pour jouer les Jeux Olympiques, c'est l'année ou jamais. Je sais que ce n'était pas facile pour Rouen. Je ne serais jamais parti de Rouen pour une autre équipe. C'est essentiellement pour l'équipe Nationale que j'ai décidé de partir, je vais être le numéro là-bas. Ma carrière a primé » En effet, le solide gardien rouennais sollicité d'origine hollandaise sollicité pour jouer en équipe nationale aura choisi de s'exiler pour participer aux rencontres internationales des Pays-Bas «  J'ai été contacté vers la troisième semaine de juin. Ma réponse a été catégorique : non tout de suite. J'ai pris un peu de recul, j'ai réfléchi. J'ai beaucoup discuté avec mes amis, mes parents qui ont tenté de me convaincre. Leur avis a pesé en grande partie dans ma décision. Ils ont repris contact avec moi lorsque j'étais en vacances en Floride. Je leur ai demandé le temps de la réflexion. En une semaine, tout était fait, j'avais dit oui.

Un coup dur pour les rouennais qui finalement dans leur malheur voyait la chance leur sourire avec le retour d'Eric Raymond, l'ex gardien de but rouennais passé en Normandie lors de la saison 1997-1998 et héroïque lors de la ½ finale perdue par Rouen face à l'armada grenobloise. «  Il y a deux aspects dans cette histoire, le coté professionnel et le coté personnel. J'étais très proche de Phil. Son départ est arrivé tardivement et de façon imprévue, nous avons eu la chance d'avoir la solution Eric Raymond. Mes plans de recrutement ont bien évidement été changé après ce départ. J'ai été contrarié aussi bien au niveau personnel qu'au niveau professionnel. Avec du recul, je suis capable de comprendre son choix de carrière. De mon coté, je suis content de retrouver quelqu'un de la qualité d'Eric Raymond aussi tardivement dans l'été » commentait Guy Fournier.

Affaires extra-sportives pour un début de saison turbulent... Même si tout ne fut pas simple, l'équipe rouennaise de cette saison 2002-2003 semblait bien alléchante avec une formation tournée vers l'offensive «  Nous avons tenté de conserver notre principe de base : garder une équipe spectaculaire, agréable à regarder jouer avec des joueurs électrisants. Nous avons, je pense, un groupe bien soudé qui va développer un bon esprit. Enfin dernier point, nous allons continuer dans notre politique de jeunes en intégrant de nouveaux cette année. Dans l'ensemble, je suis plutôt satisfait de cet effectif. A partir du moment où il faut s'adapter aux règles du jeu concernant le blocage de la masse salariale, il faut faire un choix : soit on dispose d'un effectif de 22 joueurs avec un ensemble plutôt moyen, soit on met l'accent sur des joueurs qui vont traîner l'équipe auquel on incorpore des jeunes. C'est ce second choix que nous avons fait, d'autant plus que le premier tour de cette formule de championnat nous permet d'intégrer beaucoup plus de jeunes, dans ce sens, cela peut-être intéressant pour nous dans la mesure où nous avons de nombreux jeunes de qualité qui poussent derrière. En revanche, il est vrai que nous ne sommes pas à l'abri d'une blessure en dépit d'un suivi médical sérieux de nos joueurs. Nous ferons le maximum pour éviter les blessures. Et en cas de coup dur, ce sera à nos jeunes de reprendre le collier et de prouver leur valeur en faisant leur preuve. A partir du moment où il faut s'adapter aux règles du jeu concernant le blocage de la masse salariale, il faut faire un choix : soit on dispose d'un effectif de 22 joueurs avec un ensemble plutôt moyen, soit on met l'accent sur des joueurs qui vont traîner l'équipe auquel on incorpore des jeunes. C'est ce second choix que nous avons fait, d'autant plus que le premier tour de cette formule de championnat nous permet d'intégrer beaucoup plus de jeunes, dans ce sens, cela peut-être intéressant pour nous dans la mesure où nous avons de nombreux jeunes de qualité qui poussent derrière. En revanche, il est vrai que nous ne sommes pas à l'abri d'une blessure en dépit d'un suivi médical sérieux de nos joueurs. Nous ferons le maximum pour éviter les blessures. Et en cas de coup dur, ce sera à nos jeunes de reprendre le collier et de prouver leur valeur en faisant leur preuve . »

Guy Fournier ne le sait pas encore mais il s'apprête à vivre une solide tempête dès la fin du mois de septembre. En effet, à peine entamé, le championnat de France connaissait son premier retentissement. Même si la saison sportivement était réjouissante pour les Dragons avec trois victoires en trois rencontres, une mauvaise interprétation du règlement semait le trouble dans les rangs rouennais. Suite à une réunion organisée au siège de la Fédération Française des Sports de Glace où l'ensemble des présidents de clubs du Super 16 ainsi que les instances fédérales étaient conviés, Rouen se voyait rappeler à l'ordre pour non-respect de la réglementation du nombre d'étrangers hors union européenne et affilié. En effet, le règlement fédéral impose aux clubs évoluant dans le Super 16 de n'avoir que 4 joueurs extra-communautaires. " Tout club engagé en championnat de France ne peut inscrire sur la feuille de match un nombre de joueurs étrangers (hors UE ou pays liés à l'Union européenne par des accords internationaux d'association ou de coopération) supérieur à 4 dans le cadre du Super 16 " Une entorse au règlement qui coûtait cher aux Dragons. Sur les six points gagnés lors des trois premières rencontres, les Normands n'en possédaient plus aucun et se retrouvaient même avec 3 points de malus (une sanction ramenée de 9 points à 3 points en moins suite à l'appel effectué par les Dragons auprès du CNOSF) « Bien sur, nous avons des torts dans cette histoire, en revanche depuis des années, nous sommes rentrés dans la spirale d'assainissement du hockey français en développant notamment les jeunes. Cela fait cinq ans que je participe à ces réunions et nous sommes toujours rester dans cette logique de développement du hockey. Lorsque nous étions à sept ou huit, nous pratiquions l'autogestion avec un coordinateur fédéral. L'ensemble des clubs de l'Elite a toujours gardé à l'esprit le principe du gentleman agreement. Avec l'élargissement à quinze clubs, lors de toutes les réunions auxquelles nous avons participé, il n'a jamais été question de 4 joueurs Union européenne et de 4 joueurs extra-communautaires. La limite était de 8 étrangers point. Nous sommes rester dans l'esprit en ne prenant que sept étrangers. Que ce soit des canadiens, suédois ou finlandais c'est la même chose. Nous avons continué à intégrer les jeunes en changeant nos horaires d'entraînements, en les faisant jouer régulièrement. Effectivement, nous sommes hors-norme au niveau du règlement mais nous avons toujours gardé en tête ce gentleman agreement. Nous avons nos torts, nous sommes partis du principe que l'on pouvait continuer dans le même esprit de développement que les saisons précédentes, il a fallu que deux présidents de club débarquent et que l'élargissement se fasse pour tout remettre en cause "

Une sanction dont se serait bien passé Rouen contraint désormais de gagner la plupart de ses matchs pour escompter se qualifier pour la Poule Magnus… Une situation sportive délicate mais également humainement puisque les Dragons devront se séparer de l'un de leur canadien David Bahl. En effet, alors qu'un temps un turn-over des 5 canadiens restant (le sixième Jimmy Provencher, gravement blessé au scaphoïde est indisponible jusqu'au mois de janvier) étant un temps appliqué, finalement, David Bahl, exemplaire jusqu'à la fin de son contrat devra être sacrifié non sans remord. « Cela fait maintenant trois semaines que je suis au courant, j'ai eu le temps d'encaisser. C'est une décision que je ne peux pas contrôler, nous ne pouvions rien faire contre cela à part accepter. C'est dommage puisque je me plaisais bien ici. Que ce soit pour l'organisation qui m'avait fait signer durant l'été ou pour moi, c'est vraiment beaucoup de problème. Il y aura toujours quelqu'un pour chercher le petit détail pour profiter de la situation. Il suffit qu'un club ou que quelques personnes cherchent ce petit détail pour en faire une montagne. C'est dommage qu'il n'y ait qu'une personne, en l'occurrence moi qui écope sur ce problème là. La principale raison invoquée est de favoriser le hockey français. Pourtant que ce soit un slovaque, un suédois ou un canadien, c'est la même chose. Je ne pense pas que dans notre cas, ça enlève un poste à un français, au contraire ça permet de rehausser le calibre de l'équipe. Les jeunes français peuvent se développer au contact des étrangers quelqu'ils soient. Il est bon d'imposer des règles mais il faut qu'elles s'appliquent à toutes les nationalités et à tous les pays, pas uniquement à la France »

La révolte des Rois… Malmenés, brocardés, les Dragons ne comptaient pas en rester là. Si le recours auprès du CNSOF n'aboutira que lors de la dernière journée de la Poule Nord, c'est sportivement que les Dragons devront obtenir leur qualification. Et c'est sans doute là que le groupe rouennais va se forger, se constituer… « En étant pénalisé sur quelques matchs, nous sentions qu'il y avait une certaine pression pour se qualifier en poule Magnus. Nous avons joué avec cette idée là avec la volonté de ne laisser passer aucun match ne sachant pas si nous devions rejouer ou non certains matchs. Finalement, sportivement, ça a été bonne chance. Maintenant que les choses sont passées, nous en tirons le positif. Nous avons un groupe solide en confiance et Nous n'avons jamais paniqué par rapport à ça. Nous nous sommes jamais dit que nous devions gagne les cinq ou six matchs suivants, nous prenions les matchs un à la fois. De fait, l'objectif semblait moins difficile à atteindre. » Commentait Alain Vogin.

L'équipe rouennaise fait bloc et les adversaires des Dragons auront à affronter une équipe revancharde à commencer par Tours dès la quatrième journée (9-2), l'un des deux clubs instigateur avec Dijon de « l'affaire des canadiens » Tours, Besançon, Amiens, Angers, Dunkerque, Dijon, Brest… Aucune équipe ne pourra endiguer la fureur des Dragons qui terminent invaincus sportivement dans cette première phase, obtenant la seconde place du classement derrière Amiens. C'est donc la poule Magnus que Rouen retrouvera pour la seconde phase. Une belle satisfaction pour tous à l'instar de Simon Lacroix « Je n'ai jamais pensé que nous ne pourrions pas disputé les play-offs sauf dans le cas où nos trois premiers matchs auraient été perdu par forfait où là nous aurions du gagner chaque match. Aller battre Amiens à Amiens, Angers à Angers, revenir dans le match à Tours alors que nous avions beaucoup de blessés et que nous étions mené de deux buts à la fin du deuxième tiers, montrent que nous avons une équipe de caractère avec beaucoup de ressources. Actuellement, nous sommes en bonne position au championnat, il faut continuer à travailler, continuer à gagner nos matchs pour accéder au second round. L'équipe a confiance dans ces possibilités. Nous jouons très libérés dans notre jeu, il n'y a pas de joueur pris par l'angoisse. Après les fêtes, tout le monde va jouer les matchs comme si c'était le septième match d'une finale vu que ce sont uniquement les quatre premiers qui joueront les play-offs. »

Dernières mouvements au RHE… Pourtant, en dépit d'une qualification acquise en Poule Magnus, le séisme qui agita Rouen au mois de septembre n'en a pas fini avec ces répliques. En effet, une ultime secousse allait secouer la fin d'année jaune et noire. Alors que le mois de novembre avait vu l'arrivée du franco-canadien Pierre Allard en provenance de Manchester en pleine banqueroute financière « Alors que notre saison avait commencé tranquillement, nous avons appris au cours du deuxième mois que nous ne serions pas payé pour le mois d'octobre. Nous avons menacé de boycotter dans la semaine, le dernier match que nous devions jouer avant d'être payé. La ligue Britannique au lieu de nous soutenir nous a obligé à jouer ce match en sachant que nous ne serons pas payer et sans assurances au risque de voir nos contrats brisés et de nous voir licencier le lendemain au cas où nous ne jouerions pas ce match. On nous a proposé de jouer les trois, quatre prochains matchs en étant payé avec les recettes au guichet. Les joueurs ont refusé. L'équipe a fait banqueroute une dizaine de jours plus tard et tous les joueurs sont partis. Lorsque j'ai appris que l'équipe avait de grosses difficultés financières, j'ai commencé à discuter avec certains clubs français. Rouen était l'une des équipes que je privilégiais pour l'ambiance en autres. Il y a beaucoup de joueur que je connais. Lorsque je jouais en France et que je venais jouer ici, j'ai toujours été séduit par l'atmosphère de la patinoire. Sportivement, Rouen possède de bonnes chances de remporter le championnat et c'est très plaisant de jouer dans une telle équipe. » Et l'arrivée du finlandais Sami Karjalainen d'Assat Pori estimé par Simon Lacroix « Un joueur comme Sami possède une bonne expérience en Elite finlandaise qui donne toujours des matchs très serrés. Jusqu'à présent ces joueurs là ont remplacé les blessés. La vie est faite comme ça, les vestiaires de hockey également, maintenant que tout le monde commence à rentrer, chacun va vouloir défendre son morceau de viande. Chacun aura à l'esprit de pousser dans la même direction, d'installer un esprit de groupe solide pour ne pas tomber dans les problèmes de temps de glace de certains joueurs. Moi le premier, il faut que chacun comprenne que nous avons beaucoup de joueurs talentueux et qu'il est normal que les responsabilités changent en fonction. » Le RHE connaît une nouvelle contrariété avec le départ imprévu de François Bourdeau.

Le retour de blessure de Jimmy Provencher ayant imposé à nouveau le turn-over des canadiens, le défenseur canadien apporte une solution de fortune en choisissant de quitter le club «  Lorsque je suis rentré au Canada pendant les fêtes, une équipe canadienne, le Garaga de Saint-Georges m'a fait une proposition très alléchante. Dans le même temps, je devrais prendre en considération que ma situation professionnelle pouvait se débloquer là-bas. Tout cela est arrivé lorsque je suis rentré au Canada. Au niveau hockey, compte tenu de la date limite des transferts là-bas, je devais prendre une décision rapide. Je suis revenu ici, j'ai parlé avec Guy Fournier & Franck Pajonkowski pour leur expliquer la situation. Il est certain que ça n'a fait plaisir à personne de me voir partir d'autant plus que je suis un arrière et que David Bahl avait du quitter également le club. Personne n'était très chaud pour que je parte. Ils sont restés dans l'optique de ne pas retenir un joueur, de ne pas lui causer de problèmes. C'est certain que si je n'avais pas eu de raisons valables, même si chacun peut en discuter longtemps de ses raisons, je pense que les choses se seraient passées autrement. Je pense qu'ils ont compris à leur tour ce qu'il en était après mes explications.  » Drôle de saison que cette année 2002-2003.

Retour à la sérénité… Enfin… le calme sur la planète RHE est de retour et ce n'est sans doute pas Franck Pajonkowski, l'entraîneur rouennais qui va s'en plaindre, constatant que son équipe prend de l'ampleur au sein de la poule Magnus. En effet, même si les débuts sont hésitants avec une courte victoire en prolongation 8-7 face à Grenoble suivie d'un curieux 5-6 à Anglet, une victoire à Brest 7-2 va permettre à Rouen de s'envoler dans cette seconde phase, se présentant de plus en plus comme un candidat sérieux au titre même si tout n'est pas parfait selon le grand Paj' «  Nous avions commencé le second tir en encaissant beaucoup de buts. Nous avons réussi à remédier à ça sauf contre Mulhouse qui reste une bonne équipe. Offensivement, nous sommes meilleurs qu'eux. Défensivement, ils ont sûrement une meilleure technique que nous. Jouer défensivement, ça s'apprend alors que jouer offensivement non. Dans l'ensemble, les joueurs ont montré qu'ils avaient du caractère, ils l'ont encore démontré samedi dernier. On perdait d'un but, nous avons réussi à revenir au score. Ce n'est pas la première fois de la saison que nous réussissons à revenir dans un match. Il y a un bon groupe, une bonne ambiance, les joueurs en veulent, c'est important. A contrario, quelques sont tes motifs d'insatisfaction ? Sur certains matchs, nous nous sommes mis dans le trouble non pas parce que l'équipe d'en face jouait mieux mais parce que nous leur avons fait des cadeaux. Contre Mulhouse, sur les cinq buts, on leur en donne trois. Lorsqu'un groupe travaille bien, il est toujours dommage d'offrir des buts bêtement. C'est désolant pour les joueurs qui bossent dur pour finalement donner des buts gratuits. Si nous voulons être champion, il ne faudra resserrer de ce coté. Si on prend un but, il faut que l'adversaire le mérite et non que l'on lui donne en cadeau comme ce fut le cas pas mal de fois dans la saison. Mulhouse est évidement une bonne équipe. Ils étaient au complet alors qu'il nous manquait Guillaume Besse. Guillaume est un bon joueur d'équipe talentueux qui apporte beaucoup surtout à la maison où il est toujours capable de marquer un ou deux buts. A l'extérieur, il y va avec son physique. On retrouvera forcement Mulhouse sur notre route au même titre qu'Amiens avec peut-être Grenoble et Brest. Le but pour nous est d'aller le plus loin possible sans connaître de nouvelles blessures. C'est un peu notre problème, si nous n'avons pas de nouveaux blessés, nous sommes capables de bien figurer parmi les trois premiers. »

Rien ne sera simple cette saison… comme un leitmotiv tant les dragons auront eu fort à faire cette saison. Nouvelle épisode des malheurs des Dragons à un moment crucial de la saison, la blessure de Guillaume Besse à la cheville lors d'une rencontre disputée à Amiens . « Si tout va bien, je pense qu'un retour au jeu pour le dernier match de la saison est fort probable sinon, il faudra peut-être attendre les play-offs. Je ne précipiterais pas mon retour au jeu au risque de manquer les play-offs mais j'aimerais jouer au moins 1 match avant le début des play-offs! On va dire que je suis en ce moment au jour le jour! «  Un nouveau coup du sort pour les Dragons qui n'endiguera pas leur marche en avant même si un mois de février creux donnera quelques signes d'inquiétudes «  nous avons un groupe très soudé et rempli d'expérience donc je savais que ce n'était qu'un petit passage à vide! Aucun joueur n'est indispensable et peut-être aurions nous subi les même revers si je ne m'étais pas blessé! L'important est qu'ils ce soient remis sur les bons rails avant les play-offs! Je suis sur que ces défaites ont été instructive pour le groupe et ça nous a prouvé que nous n'étions pas imbattables si l'effort ne suit pas! Il faut savoir trouver les aspects positifs de ces situations et je pense que le groupe a grandi à travers ces défaites! La preuve est faite que nous savons rebondir car depuis le match de Grenoble, l'équipe est de retour à son niveau! » Commentait en spectateur malheureux Guillaume.

A la conquête de la Coupe Magnus ! C'est finalement en ne lâchant que trois défaites dont une en prolongation que les Dragons achevaient cette seconde phase qualificative pour les play-offs à compter des demi-finales. Rouen 1 er , Mulhouse 2 nd , Amiens 3 ème , Grenoble 4 ème … le quarté des protagonistes à la Coupe Magnus est en place. Au mieux 5 matchs, au pire 8 matchs, c'est tout ce qui reste aux Rouennais pour conquérir leur septième Coupe Magnus de leur histoire…. Finalement, ils ne leur en faudra que six pour boucler en apothéose une saison ô combien stressante pour les Dragons… Premier adversaire des Dragons en demi-finale : Grenoble… Une équipe qui n'aura pas toujours réussi aux Rouennais dans le cadre des play-offs.

De la première entrevue au cours de la saison 1989-90 qui voyait les dragons s'imposer 8-5 sur l'Ile Lacroix ancienne version avant d'obtenir une première Coupe Magnus sur l'historique glace de Clemenceau au terme d'une victoire normande 5-1, aux dernières retrouvailles en 2001-2002 où les Dragons obtenaient leur laisser passer pour la finale face à Anglet et leur sixième titre à la fin d'une série pleine de rebondissements en demi-finale ponctuée de deux victoires des jaunes & noires en Normandie (6-0 & 5-2) et de deux victoires des rouges et bleus en Isère (6-5 & 4-1) avant que l'ultime rencontre ne départage les deux escouades en optant pour les Dragons victorieux 4-0, Grenoble et Rouen se seront expliqués 19 fois en matchs de play-offs… 19 rencontres et une égalité parfaite dans les résultats… Ainsi, les Dragons se seront imposés neuf fois, se seront inclinés neuf fois et auront concédé un match nul face aux Brûleurs de Loups… 19 rencontres et une récurrence dans les résultats de play-offs… Rouen est souverain sur sa glace… Grenoble l'est autant… En effet, en neuf rencontres disputées sur l'Ile Lacroix, les Dragons n'auront lâché que deux défaites et un match nul pour six victoires… Le coefficient n'est guère différent pour les rencontres disputées en Isère puisque les Grenoblois sur leur glace se seront imposés sept fois en n'octroyant que trois victoires aux Dragons… Dans l'histoire riche en play-offs des Dragons, jamais les résultats directs entre deux équipes n'auront été aussi étriqués… Pourtant si l'affiche s'annonçait serrée, la confrontation entre Rouen et Grenoble sera fugace. En proie à de solides problèmes au sein de leur équipe, les Isérois ne pourront tenir tête aux Dragons. Vainqueurs par deux fois sur l'Ile Lacroix 8-1 et 5-2, le périple dans les Alpes ne sera guère plus redoutable pour les Normands qui s'imposaient dans la sérénité 4-1.

3-0, la série victorieuse des Rouennais permettaient aux joueurs de Franck Pajonkowski de disputer la finale face à Amiens, tombeurs de Mulhouse 3 victoires à 1. 1989, 1990, 1991, 1992, 1993, 1994, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2001… 12 sur 16… Sur les 16 dernières finales disputées depuis l'accession de Rouen au plus haut niveau en 1985, Amiens & Rouen auront participés à 12 de ces finales… 12 finales avec plus ou moins de réussite pour les uns ou pour les autres (8 participations pour Rouen avec 6 titres à la clef… 4 participations pour Amiens avec 1 seul titre au final) 12 finales avec un étrange clin d'œil de l'histoire du hockey… Jamais les « ennemis héréditaires » ne se seront affrontés en finale… Aucune rencontre en finale entre les Ecureuils de Picardie et les Dragons… Aucun rencontre en finale entre les Gothiques et les Dragons avant cette saison 2003-2004. De petites phrases en petites phrases, la tension montait rapidement entre les deux équipes faisant de cette finale une finale hors norme… un derby en finale.

De grosses soirées en perspectives pour les supporters de chaque équipe qui débutait par un coup de tonnerre pour les partisans jaunes et noirs. En effet, pour la première rencontre disputée au Coliséum, les rouennais prenaient immédiatement l'ascendant par Doucet puis Lacroix. Deux tiers plus tard, Bachet par deux fois, Hecquefeuille et Brice Chauvel avaient retourné complètement la situation offrant la victoire aux gothiques 4-2. Mené 1-0 dans la série, Rouen était une nouvelle fois au pied du mur dans cette saison. Un scénario qui semblait donner des ailes aux Dragons puisque dès la deuxième rencontre, les Normands percutaient les picards pour égaliser dans la série au terme d'une rencontre épuisante nerveusement. A Eric Doucet, Mickaël Brodin répondait à 10 minutes de la fin de la rencontre. Ni la fin de la rencontre, ni la prolongation ne permettaient aux deux équipes de se départager même si sur un arrêt venu d'une autre planète, Eric Raymond bloquait une tentative vouée au but de François Rozenthal. Il fallait s'en remettre à la séance de fusillade pour permettre aux Dragons de s'imposer pour la deuxième rencontre. Si Bergkvist, Gras, Chauvel, Rozenthal pour Amiens et Doucet pour Rouen vendangeaient leur tentative, David Saint-Pierre et Guillaume Besse donnaient la victoire à Rouen.

Jusqu'au dernier souffle cette finale derby tiendra ses promesses… En effet, le dernier match de cette série ne fera pas exception. Ainsi, dès le premier tiers, les Picards prenaient l'avantage par Arnaud Mazzone, un sacrilège auquel rétorquait Arnaud Briand, Eric Doucet puis Simon Lacroix. A 3-1, la mise ne semblait plus très loin d'être remportée par les Dragons. Pourtant, les supporters rouennais n'en avaient pas fini avec les frayeurs. Anthony Mortas ramenait les picards à 3-2 dans la dernière minute de la rencontre avant qu'Arnaud Briand ne vienne délivrer toute une patinoire sur un but en cage vide…. Incroyable dénouement d'une saison difficile qui faisait basculer de bonheur toute une patinoire...